par Marc » 09 Jan 2009, 12:23
Bon, ça fait longtemps que je n'ai rien dit, mais quand même, à force de lire toutes les réactions (sur les trois forums), et de ne pas voir le point soulevé, je me permets de le soulever moi-même : et la société, là-dedans ?
La lutte contre la standardisation et l'uniformisation est une bonne chose, certes, mais seulement dans une certaine mesure, à mon avis. Le "tout uniformisé" est aussi nuisible que le "tout est unique". Parce que pour communiquer, pour échanger, pour établir des relations humaines, pour les entretenir, ces standards sont nécessaires. C'est sûr eux que se fondent les civilisations, et ils sont renouvelés à chaque génération.
Qui plus est, mais cela a déjà été dit ailleurs, l'originalité absolue n'existe pas. On ne fait que digérer ses références, quelle que soit leur originer, et les croiser. Je ne sais plus qui (désolé, je ne me souviens que rarement des noms) a dit "faire exactement le contraire, c'est aussi une façon d'imiter".
Après, pour ce qui est de la gratuité de la culture, je suis d'accord dans l'absolu, et je rejoins d'autres avis sur les musées et les châteaux, par exemple. Mais là, on est dans une branche particulière de la culture : le patrimoine culturel. Qu'il soit pris en charge par un état me semble une bonne idée, mais cela nécessite que les droits des auteurs en soient abandonnés au patrimoine, d'une part, et que la qualité de l'oeuvre soit suffisamment significative pour faire partie de ce patrimoine. Parce que, par défaut, une oeuvre est surtout représentative de son auteur. Toute production artistique n'est pas de la culture, représentative d'un courant de pensée, d'une technique/méthoque, d'une époque ou d'une génération. Tout le problème ici est un problème de jugement : les productions artistiques sont-elles équivalentes ? qui juge ? et selon quels critères ? établis par qui, d'ailleurs ? Le fait est que, pour ce que j'en sais, ces questions n'ont pas de réponse universelle. Il s'agit d'un mélange de goûts personnels, de désir d'acceptation, de confort, et d'un tas d'autres que je ne maîtrise pas (hé, je fais du management, moi, pas de la psychologie !). Mais ce sont ces critères qui font que des groupes se forment, et forment un courant, une sous-culture, voire une culture. Dans ce dernier cas, elle choisit elle-même ses référents principaux, le plus souvent par consensus.
Du coup, on attaque l'autre partie : l'uniformisation, la standardisation. On attaque le sujet "commercial". Le commerce, c'est chercher à faire le profit maximum. Le minimum de dépenses, le maximum de revenus. Pour le maximum de revenus, le plus évident, c'est de choisir quelque chose qui va toucher le maximum de gens, qui va être un nouveau consensus. Or, pour faire le minimum de dépenses, on va se baser sur les consensus culturels existants. D'où la sensation de redite.
Par contre, il est vrai qu'il faut encourager la créativité. Mais je préfèrerais qu'elle soit encouragée par l'enseignement de ce qui existe déjà, et le travail que ça a demandé, que par le "laisser chacun faire comme il le sent", qui me semble bien plus propice aux redites (justement), et risque de déstructurer les groupes humains.
Mes deux pistoles :)