par Toth » 05 Nov 2015, 02:18
Bonsoir à tous, je reviens d'une petite expérience intéressante, et potentiellement sacrilège, que du coup je me dois de vous relater : j'ai maîtrisé une partie de Sens de manière dématérialisée et sans que tous les joueurs ne soient physiquement réunis autour d'une table...
Contexte
J'ai deux tables de jeu habituelles, une physique, pleine d'amis, qui se réunit quand elle peut, et à laquelle nous jouons aux ombres d'Esteren, et une virtuelle, pleine d'inconnus qui sont devenus des amis, qui aiment les jeux de mots nazes autant que moi, qui joue sur une base hebdomadaire à Yggdrasil.
J'ai déjà eu l'occasion de faire jouer le scénario d'introduction (Akina) à ma table physique, lors d'une séance tout à fait classique, et ça a tellement plu à mes joueurs qu'ils m'ont offert Renaissance et le Monde Logique pour mon anniversaire. Mais, l'éloignement professionnel n'aidant pas, une fois que j'ai eu fini de lire tout ça je me suis rendu compte qu'il serait impossible de les remercier en leur proposant une partie avant longtemps...
Du coup, je me suis demandé s'il était possible de réunir des conditions de jeu suffisamment bonnes pour pouvoir vivre pleinement l'expérience des Sens via Skype.
Setting
J'ai utilisé la même configuration que celle qui est utilisée habituellement entre nous, à savoir Skype pour la partie vocale, et Roll20 pour le reste. Oui, il est paradoxal d'utiliser un logiciel de ce nom dans un jeu diceless, mais nous ne sommes pas à une contradiction près.
Le reste en question se constituait principalement de la musique (Roll20 permet d'inclure directement des pistes de Soundcloud en fond sonore), d'une image de fond pour occuper les yeux des joueurs (celle avec un cadran blanc au milieu d'un fond en nuances de gris), et les feuilles de personnages.
Aucun avatar, mais pas de vidéo non plus suite à un essai infructueux.
Déroulement
Deux joueurs étaient disponibles sur les 5 habituels, je leur ai donc expliqué les règles et le background deux jours avant, et on en a profité pour rédiger les vecteurs de volonté; ce qui a permis de commencer directement le jour J.
Ledit jour (ce mercredi 5 novembre), après quelques ultimes explications, nous nous sommes lancés. L'équipe était donc composée de Kelad, inspiré librement de Doctor Who et plutôt scientifique/protecteur de la veuve et de l'orphelin, et de Gatiane, comédien dissimulateur.
Ils commencèrent donc par une classique journée de familiarisation, le matin avec les armures, l'Ombre monde et Soren; l'après-midi avec des sabres en bois, Gladius et des bleus un peu partout. Car, oui, les deux ont une rune de mort qui culmine magnifiquement à 10...
La nuit se passe, après avoir entraperçu l'ombre d'Akina les épier sur le terrain d'entraînement, et au matin, la mission tombe : il a disparu, et il faut le retrouver.
Les bugs craignent une tentative de suicide, mais arrivent vite à la conclusion qu'il est parti en sous-marin avec ses affaires. Le capitaine du sous-marin est alerté, puis rattrapé et le navire est fouillé.
Résultat, deux marins décapités, et une capsule de sauvetage en direction du Japon. Premier point d'immersion négative aussi : Kelad annonce froidement à Gladius, par radio, qu'il a trouvé "deux tubes de dentifrice sans le bouchon", une bien belle métaphore.
Petite pause dans le jeu, et la poursuite s'organise. Ils se font surprendre par un animal marin imposant qui les secoue, perce la coque, brise l'hélice et finalement met le subzéri la tête en bas, devant l'obstination des PJ à vouloir rester dedans. Ils sortent donc l'affronter, et réussissent à le toucher suffisamment pour lui faire peur en combinant lampes torches, attaques successives et croisées et ballet aquatique. Une séance de réparation et de navigation plus tard, ils arrivent sur une île japonaise, et dorment un peu. Le lendemain, ils trouvent facilement un village indigène, et Gatiane parvient à se faire comprendre en mimant Akira, différent d'eux (très utile, la spécialisation théâtre...).
Ils indiquent la carte dans le sable, entourée de décorations, et les bugs se mettent en chemin. Ils tombent sur une gigantesque statue métallique rouillée et creuse, dans laquelle leur ex-camarade est entré. Ils le retrouvent en bas, dos à la porte, et la bataille s'engage après le monologue et une tentative vaine de discussion.
Les PJs la jouent stratégique encore une fois (c'est leur seule solution), et jouent avec les Sens de leur adversaire en comptant sur l'absence de lumière, les torches faisant office de flashs et stroboscopes, et leur haute rune de Néant pour se dissimuler; le tout en armure du début à la fin. Forcément, après s'être pris une blessure légère au poing et s'être fait désorienter, la lame d'Akira rippe sur la philonite et il s'empale dessus.
Devant le corps, Kelad déclame un peu sur le mauvais choix de destin de ce dernier, et Gatiane qui s'est rendu dans l'ombre-monde par curiosité constate l'absence du cadavre et l'ouverture de la porte.
Après quelques tergiversations, ils vont voir derrière, repassent dans le monde "réel" pour découvrir le laboratoire, et sont pris d'un gros mal de crâne en lisant certaines étiquettes sous les cuves, où figurent simplement des noms de l'ancien monde.
Tout s'écroule, ils ont ce qu'ils pensent être une hallucination, et se réveillent dehors, sans golem mais avec un message. Ils rentrent donc au Pôle Sud, non sans avoir réussi à savoir pourquoi les indigènes rendaient hommage à la dépouille de l'ex bug.
Soren n'était pas là, mais il leur fait passer un message de félicitations, qui coupe court à leurs éventuelles questions par cette phrase que les PJs ont souvent entendu au cours de leur jeune vie "Il est des choses qu'il vaut mieux ignorer..."
Bilan
Durée totale : 4h presque exactement, dans la veine de nos scénarii habituels. Ce sera peut être un peu court pour les épreuves de la base par contre, à voir.
Expérience très positive, au final je pense que le courant est bien passé et l'immersion était au rendez-vous. Je n'ai fait qu'une seule pause, et ça a suffit, je n'ai pas distribué tant de points d'immersion négative que ça (3 et 1, en partie à cause d'une référence mythologique nordique hors de propos). Le fait d'avoir cette image comme fond d'écran, qui a un côté mandala, plus la musique, et l'histoire qui les a happé, ça s'est très bien passé.
Ce qu'il reste à améliorer : je dois absolument nerfer l'appareil photo/caméra des armures et leurs radios, un des simulacres passant son temps à envoyer des rapports circonstanciés. J'ai déjà commencé à dire que la captation d'image dans l'Ombre-monde était de qualité très moyenne, et la seule image qu'il a gardée de l'intérieur du colosse c'est la porte fermée.
Il faut fluidifier un peu ma maîtrise également, mais ça viendra.
Et un grésillement temporaire d'un des joueurs dû à des problèmes de connexion, très ponctuel.
Mais les Cellulis ont terriblement envie que je démarre une campagne à présent, et tout laisse à penser que l'expérience va se poursuivre...