la gratuité culturelle [marronier ?]

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Messagepar edophoenix » 22 Mar 2010, 01:21

Eh bien, je lance donc le débat sur la gratuité culturelle, suite à la discussion cliquable ici.

En effet, je ne suis pas d'accord avec Rom' sur la question de la gratuité culturelle (bon, là, ça part pas très bien, niveau 'ton diplomatique', mais c'est pas grave : la conversation se promet passionnante !).
Il faut dire que ça fait quelques années maintenant que Romaric nous entretient de sa conception universellement gratuiste de la culture.

Et pour moi, la culture ne devrait pas être gratuite. Mais attention, ce n'est pas parce que je me considérerais lésé si j'ai pas de droits d'auteur, je ne suis pas rapiat à ce point là (du moins j'aime à le croire ! De toute façon, 'faudrait déjà que je parvienne à terme d'un de mes projets littéraires, c'est pas pour tout de suite !) à cause de MON idée à MOI qui serait MEILLEURE que les autres, et si je l'offre au monde, ça mérite bien quelques millions d'euros (bon je me contenterais de milliers, je pense pas que je serais best-seller, un jour... :D ) .
Non. Pas du tout.

En fait, l'idée en elle-même devrait, elle, toujours être gratuite. Car je suis d'accord avec Romaric pour dire que nos idées ne nous appartiennent pas, mais qu'elles font partie du PATRIMOINE de l'humanité !
(et en plus, je pense cela sur des fondements propres à ma religion.)

Non, en fait, la culture ne devrait pas (d'ailleurs je pense qu'elle ne le PEUT simplement pas !) être gratuite, parce qu'avoir l'idée ne suffit pas. C'est sa réalisation qui importe, et je m'en aperçois de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe, que mes projets n'avancent guère à cause du taff, que je me réjouis que d'autres projets géniaux, eux, puissent avancer pour éclairer l'intelligence humaine dans le monde (Bravo Rom', continue Sens : c'est TRES important !! <======
== message de flagornerie flagrante inside, même si en même temps c'est sincère.)

La réalisation demande du travail, et le travail a toujours un coût. Un coût en temps, d'abord, et c'est surtout cela qui me manque : j'ai peu de temps à sacrifier à cette activité, hélas. Et c'est pour cela que je n'hésite pas à dire qu'il s'agit vraiment d'un sacrifice.
Et puis un coût en énergie.

Enfin, je pourrais prendre l'exemple du théâtre, vu que c'est le domaine culturel qui m'est le plus familier : rendre le théâtre gratuit, c'est proprement impossible (je veux dire : une pièce de temps en temps peut être gratuite, ou alors les fonds récoltés peuvent être, par exemple, envoyés à Haïti, ou je ne sais où, mais TOUTE l'activité dramatique en France ne saurait pas devenir gratuite.)
D'abord, il y a évidemment le coût en temps et en énergie (comme pour la littérature, hein !) Mais ensuite, il faut bien que les comédiens professionnels se nourrissent, sans parler de ceux qui construisent les décors (certaines pièces demandent 6 mois pour construire leurs décors !!), toutes les personnes auxiliaires (costumières, accessoiristes, employés des salles de spectacle, etc...) : tout ça, ça fait du monde dont on se doit de considérer qu'ils doivent bien vivre.

Bon, il y a pourtant un domaine pour lequel je pense qu'on devrait -sinon la rendre gratuite- du moins en baisser le prix : c'est la musique. Là, il faut bien admettre que le prix des CD est très abusif. Surtout pour ceux qui se refusent à télécharger, parce qu'ils respectent le droit d'auteur (mais à cause du travail toujours, hein, pas à cause de l'idée !)

Valà donc les deux raisons pour lesquelles je ne suis pas d'accord avec toi Rom' ;)
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar Romaric Briand » 22 Mar 2010, 02:19

On pourrait considérer que le travail effectué pour créer une ressource culturelle n'en est pas un, qu'il s'agit en fait d'un enrichissement personnel... mais l'idée d'enrichissement personnel est trop vague.

En fait c'est l'idée même de ressource culturelle est floue. Qu'est ce que c'est qu'une ressource culturelle ? C'est ça la véritable question. Dans le milieu du cinéma il y a plein de profession qui ne produisent pas ce que l'on appelle une ressource culturelle et qui pourtant sont indispensables à sa réalisation. Imaginons que l'on prône la gratuité dans ce milieu, la question est : Qui faut il payer ? et Qui ne faut-il pas payer ? L'idée même de se poser cette question me fait froid dans le dos car quelques soient nos catégories sur ce point elles seront forcément basées sur un jugement de valeur. Elles seront forcément injustes. Où commence et où se termine le travail d'un artiste ? Difficile de juger.

En fait, le modèle de la gratuité des ressources culturelles suppose tout une autre organisation de la société. Une société dans laquelle chacun d'entre nous aurait presque le devoir de produire de la ressource culturelle... mais n'est ce pas déjà le cas ? Je n'en sais rien. Et de toute façon, pour le moment, cet "idéal" n'est pas d'actualité et par conséquent celui qui diffuse son travail de cette manière doit se résoudre à perdre de l'argent. Il travaille et, en plus, il perd de l'argent... ça commence à faire beaucoup. Ce qui m'a amené à rejeter la gratuité de mon JDR c'est clairement l'aspect financier. Si je ne faisais pas payer mon travail je devais arrêter Sens. Je l'avais expliquer ici. http://www.silentdrift.net/forum/viewtopic.php?f=22&t=1990 En gros Ed, si tu cherchais le débat sur ce point, en défendant ce que tu défends, c'est perdu parce que je ne pourrais qu'ajouter de l'eau à ton moulin ^^. Je suis d'accord avec toi. Peut être pas pour les mêmes raisons, mais je suis d'accord. C'est la réalisation qui coute ! Je suis d'accord aussi. ^^

Il me reste cependant une intuition dont je ne sais pas quoi faire : "faire payer Sens c'est mal." Je le ressens mais je serais bien incapable d'expliquer pourquoi j'ai ce sentiment.
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar Frédéric » 22 Mar 2010, 10:45

Je pense que le truc évident, c'est que la valeur financière de l'œuvre d'art (si vous me permettez de tirer le débat dans cette direction) n'est pas liée à son coût de production, mais à sa valeur créative et intellectuelle. Il n'est pas nécessaire de vendre pour faire de l'art, beaucoup d'artistes ne vivent pas de leurs créations, ils ont un autre métier à côté.

Mais communiquer sur une œuvre, les outils, le matériau de fabrication etc. Ont un prix. Et humainement, il devient difficile d'exercer une activité à pertes comme vous le dites (sauf si on est à l'aise financièrement). Espérer vivre de son activité artistique, c'est un moyen de chercher à la développer, à la rendre centrale dans son existence et son activité également en temps de travail.

Le temps de développement et de maturation nécessaire à la création d'œuvres d'art exige en réalité de ne pas exercer une telle activité en dilettante, sauf pour ceux qui sont financièrement à l'aise et qui peuvent "s'auto-mécéner".

La reconnaissance d'une œuvre est donc le moyen qu'ont trouvé les artistes pour "vivre" de leur activité. Mais cette reconnaissance n'aura pas lieu si un roman reste sur le disque dur de son créateur. Et pour l'en sortir, il va devoir diffuser et communiquer, ce qui coûte de l'argent.
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar edophoenix » 22 Mar 2010, 15:09

En fait, il y a peut-être quelque chose qui pourrait m'aider à comprendre pourquoi tu as l'intuition que "faire payer Sens c'est mal." :

Dis moi si je me trompes, mais j'ai une double impression : d'abord, tu es content de pouvoir d'exprimer et partager tes idées avec les autres. C'est quelque chose que j'ai déjà remarqué chez toi. Or, j'ai de plus en plus la sensation que tu considères que, lorsque les gens t'écoute, ça te "paye" déjà d'une certaine manière (comme tu le disais, "on ne fait pas payer ses amis pour écouter se spropos pendant un débat amical entre potes.") et j'ai même l'impression que ça va plus loin et que c'est toi qui aimerait remercier les gens de t'écouter et de partager tes idées (enfin, en y adhérant ou non, mais partager dans le sens qu'on les reçoit). Finalement, c'est parce qu'on te lit qu'on te permet de t'exprimer : le sens de tout ça, ce sont tes lecteurs qui le donnent à ta démarche.

D'autre part, j'ai également l'impression que pour toi il s'agit d'un 'sacerdoce' de partager tes idées avec les autres gratuitement (et après tout, Socrate et Platon ne faisaient pas payer leurs enseignements..!)

Dis moi si je me trompe !
En tout cas, je n'avais pas compris que tu avais autant évolué sur ce sujet, puisque tu disais quand même que c'était "mal" de vendre Sens.


Pourtant, il y a quand même un point d'achoppement entre nos deux positions : tu dis (et finalement, d'après ce que j'ai compris de l'intervention de Fréd, vous vous rejoignez sur ce point) que "En fait, le modèle de la gratuité des ressources culturelles suppose tout une autre organisation de la société. Une société dans laquelle chacun d'entre nous aurait presque le devoir de produire de la ressource culturelle... mais n'est ce pas déjà le cas ? Je n'en sais rien. Et de toute façon, pour le moment, cet "idéal" n'est pas d'actualité et par conséquent celui qui diffuse son travail de cette manière doit se résoudre à perdre de l'argent. Il travaille et, en plus, il perd de l'argent...".

Et là-dessus, je ne suis pas d'accord, car selon moi, il ne s'agit pas d'un phénomène de société (pour comprendre ce qui va suivre, il faut savoir que ma position en matière d'économie politique, c'est le capitalisme non-libéral - tiré de ma lecture de Max Weber : Ethique protestante et esprit du capitalisme, que je développerait ultérieurement si besoin est.) :

Pour moi, le problème ne vient pas de l'argent. Et il ne s'agit pas non plus d'un problème d'organisation sociétale ou socio-culturelle. Mais nous sommes tout simplement sur une terre où, quel que soit l'idéalisme dont on est empreint, on est obligé de reconnaître que "l'homme gagnera son pain à la sueur de son front". Gagner son pain en suant, ça demande deux choses :
  • du temps,
  • des efforts.
L'argent ne vient qu'après, il s'érige en système pour organiser la gestion du travail humain, pour rationnaliser ce temps et ces efforts sacrifiés à gagner sa nourriture. Bien sûr, je ne nie absolument pas l'enjeu de pouvoir qui est attaché à l'argent depuis la 'révolution' (lente) capitaliste (qui a eu lieu il n'y a que quelques siècles, quand même !) : au contraire, car je crois que l'argent n'est pas neutre.

Mais dès la base, on pourrait imaginer un système socio-économique entièrement différent, sans argent, cela n'empêcherait pas qu'il y aurait une 'absolument nécessaire' rétribution de l'activité artistique. Parce que le temps et l'effort sacrifié à cette activité (même si c'est un plaisir pour soi-même autant que pour le public qui recevra l'oeuvre finalisée), ce sont du temps et des efforts perdu dans la quête de la subsistance.
Que ce soit en terme d'argent, ou en terme de troc, ou de n'importe quel autre système, c'est pour moi une nécessité (au premier sens du terme).

Dans ce domaine, il faut être pragmatique. Parce qu'on ne vit pas dans un paradis idéal, mais sur une terre où pour survivre, qu'est-ce qu'il faut consacrer, déjà ? ;)
Modifié en dernier par edophoenix le 22 Mar 2010, 21:49, modifié 1 fois.
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar Courant (Jean-Paul) » 22 Mar 2010, 16:45

Très interressant.

Personnellement,
je ne suis pas pour la gratuité des choses car cela sous-entend l'existence d'un système financier.
J'ai longtemps réfléchi sur une utopie dans laquelle la société n'aurait pas besoin d'argent.
C'est humainement possible mais personne ne le fera car cela sous-entend un chamboullement de la façon de pensée.
En gros,
pour pouvoir espérer une société sans argent,
il faut accepter de renoncer à toute attache matérielle
et accepter que le fait que rien est inutile sauf la flemmardise.
Que le simple fait de lire et de débattre est un travail.
Le simple fait de passer sa journée à étudier les cailloux a une utilité... n'est ce pas déjà le cas?
oui mais pas pour tout,
car toute notre société est organisé sur une vision commune de l'importance des tâches.
Tout est en fonction d'une organisation hiérarchisé et en niveau.
Où les classes hautes se fichent des classes inférieures et où les classes bassent envient les classes supérieures.

En réalité pour travailler,
il faut du temps et de l'énergie. (comme il a été dit)
Ce qui signifie qu'une personne faisant un travail n'a pas le temps d'en faire un autre.
Ce qui signifie qu'une personne qui réalise un travail qui ne fourni pas d'énergie ni pour lui ni pour autrui est redevable de quelqu'un qui en fourni.
Le système économique (édit) de base c'est cela.

Maintenant,
si tout le monde fournit de l'énergie pour les autres,
il va y avoir des excédants et des pertes.

De là,
on peut concevoir d'autres métiers qui n'en fournissent pas.
Maintenant,
pour une utopie sans système financier.
Il suffit d'accepter de donner des fruits de son travail à d'autres.
Oui donner !
En retour,
la personne qui reçoit se doit de donner à d'autres du fruit de son travail.
Ainsi un artiste peut être nourri par un paysan et utiliser son temps pour distraire celui-ci (ce qui augementera surement la qualité de son travail).

J'appelle cela la société de Donnant-donnant.
Où les personnes n'attendent que du vitale mais où le confort peut se développer sans attente.
Une société où chaque personne est consciente de l'utilité et de la neccessité de la classe paysane et ouvrière mais également des classes intellectuelles et artistiques qui donnet du confort aux classes de base.


Je concluerai en précisant que cela n'est qu'une utopie expliquée dans les grandes lignes.
Que notre société d'aujourd'hui est déjà régit par ce système.
Mais que l'égoisme, la jalousie, le pouvoir, la possession matérielle et d'autres défauts sont les véritables dirigeants de celle-ci. Ce qui a vu naître le système finacier d'aujourd'hui et ce qui le fera sans doute perdurer.
Donc l'état actuelle des chose,
je suis pour la rétribution financières culturelles.
Mais qu'étant perfectionniste,
je suis contre,
car il est théoriquement possible d'écrire un livre et de le diffuser 'gratuitement', tout en vivant confortablement et en ne manquant de rien.
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar edophoenix » 22 Mar 2010, 21:29

Houlà !! Il y a plein de trucs auxquels j'aimerais répondre, mais qui nous entraînerait loin dans le hors sujet. Je sens que je vais bien aimer discuter avec toi !
Pour éclaircir un point, tout de même, je reviens sur la notion de gratuité (je crois qu'il faut se mettre d'accord sur quoi on parle, à propos de la 'gratuité' culturelle) :
tu supposes que la notion de gratuité dérive de celle de l'argent, et qu'elle en est dépendante. Moi, quand je parle de gratuité, je me situe en dehors du propos monétaire (d'ailleurs, c'est aussi un peu ça que je voulais expliquer dans mon dernier post : lorsque j'ai dit que l'argent n'entrait pas en ligne de compte dans ma conception non-gratuite de la culture).
Justement, pour éviter de mélanger les choses, j'essaye de tenir le concept d'argent à l'écart de la discussion : je parle d'efforts, de temps, de 'coût' en énergie, mais pas en argent.

Pourquoi ? Parce que justement la gratuité n'est pas liée à l'argent. Tu peux très bien concevoir un monde sans aucun système monétaire, par exemple basé sur le troc, ou alors sur le pro-rata travail/rétribution en nature par l'Etat (une utopie que j'ai imaginée il y a pas mal de temps !) dans lequel la gratuité et la non-gratuité se côtoie.

Je m'explique : quand tu échanges une tomate contre un haricot vert - ou un livre contre une compil'MP3, tu réalises un échange : tu donnes un objet (voire tu rends un service) contre un autre ! Donc ce n'est pas gratuit. Mais dans cette société de troc, tu peux très bien décider de rendre service (ou de donner un objet !) à un ami, contre rien : et hop ! revoilà la gratuité.

C'est pour cette raison que je dis que la notion de gratuité n'est pas liée à celle d'argent.


Cependant, j'ai bien compris quel système idéal tu imaginais, et ça m'intéresse bougrement :

et pour continuer sur la lancée, je vais te demander une chose : est-ce que tu pourrais développer un peu plus ta conception, mais en ce qui concerne l'économie culturelle proprement dite ?
(tu l'évoques à plusieurs reprises, mais sans développer, du coup, il me manque quelque chose : quelles sont les conséquences de ta conception de l'économie générale sur la culture telle que tu conçois qu'elle devrait être ?
Modifié en dernier par edophoenix le 23 Mar 2010, 18:12, modifié 1 fois.
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar Courant (Jean-Paul) » 22 Mar 2010, 22:32

Et bien la culture arrive bien après.
Tout d'abord il faut savoir que sur ce modèle,
il faut satisfaire les besoins de l'ensemble dans l'ordre et suivant la neccessité.
Pourquoi ne pas se référer à la pyramide de Maslow.
De plus, il n'y a pas de quota.
L'accomplissement des uns se fait en fonction des autres.
En gros plus le neccesaire est produit, plus il permet l'essor culturelle et scientifique.

Voici un exemple pour l'écrivain.

Pour faire son livre l'écrivain à besoin de :
de temps,
de manger,
de boire,
de se doucher,
de dormir,
de se chauffer l'hiver,
de lire d'autres ouvrages (bref de se renseigner, de débattre pour évoluer dans son milieu)
d'un imprimeur,
d'un éditeur (s'il ne veut pas utiliser son temps pour promouvoir son livre)
etc ... (on va s'arreter à là)

Au final le livre sera accessible à n'importe qui en fonction des exemplaires disponibles.
D'où l'obligation d'une loi entre l'offre et la demande.
Les excédants ne sont pas perdus dans ce cas
et les manques par contre oblige à la patience des demandeurs.

Donc,
le paysans,
le bucheron (chauffage à bois et pour le papier),
l'imprimeur,
l'éditeur,
le maçon qui aura conçu l'habitation de l'écrivain etc etc etc...
tous auront accès au livre de l'auteur en question et tous donneront accès à leur production.


C'est un peu plus compliqué que cela en réalité.
Mais le concept y est.

J'espère avoir répondu un peu à ta question.

Je précise que la difficulté pour en arriver à un mode de fonctionnement comme celui-ci est la mentalité des gens.
Vient ensuite l'évaluation des besoins.
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar edophoenix » 23 Mar 2010, 18:10

D'après ce que je comprends, donc, tu as un point de vue directement inverse du mien : un point de vue libéral non-capitaliste (puisque tu fais référence à la nécessité d'une loi de l'offre et de la demande).
Du coup, ça m'embrouille un peu, parce que je ne comprends plus comment marches ton système globalement : tu veux répondre à une pyramide de besoins hiérarchisés (ce qui dans mon esprit est plutôt une tendance de l'économie de plan) en ayant recours à la loi du marché plutôt qu'à des quotas, et tout ça dans un système démonétarisé ? C'est bien ça ?

En fait, je crois que j'ai voulu aller trop vite en te demandant de centrer sur la problématique de la culture, parce que je me rends compte que j'ai mal saisi ton idée !
Du coup, je reviens un peu en arrière avec d'autres questions plus ciblées :

1. comment serait organisé la production et la circulation des biens et services dans ton système sans argent ?
1.a Qui évaluerait les besoins, et comment ?
1.b Comment serait évalué l'effort nécessaire à la production ? Qui fournirait cet effort, par quel moyen ?
1.c qui distribuerait ? comment s'effectuerait l'échange de biens en surplus entre les différents acteurs (ou les différents lieux) ? Est-ce que tout est mis en commun avant d'être redistribué, ou est-ce que cela s'effectue directement des agents de production vers les consommateurs ?

2. Sur quelle base la distribution serait-elle effectuée ? C'est à dire comment serait déterminée la part à laquelle chacun à droit ? Cette part sera t-elle égaliste ou selon un pro-rata ? (ou selon un autre moyen ?)
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar Lionel (Nonène) » 23 Mar 2010, 18:28

On refait Smith et Marx ici. Bonne chance :-)
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar edophoenix » 23 Mar 2010, 18:54

Lionel (Nonène) a écrit:On refait Smith et Marx ici. Bonne chance :-)

Ou alors, Becker et Proudhon ;)
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar Courant (Jean-Paul) » 23 Mar 2010, 19:39

Je me disais bien que nous n'avions pas la même conception.
c'est avec joie que je vais développer ma vision des choses.

Les besoins seraient évaluer comme suit :
Le demandeur particulier d'un produit ou d'un service posera sa demande auprès des 'Postes de demandes' mis sous la tutelle d'un ou plusieurs individus.
Les Postes de demandes seront organisés selon la géographie et la démographie des lieux.
La production d'un individu ou d'un groupe d'individu sera quantifié (par ex : 1000 livres de tel auteur) ou qualifié (par ex : le groupe Rockjohns est actuellement en tournée). Ces résultats seront confiés aux 'postes des évaluations'.
Les Postes d'évaluations seront organisés selon la géographie et la démographie des lieux.
Les productions seront stockés dans des 'centres de stockage' localisés comme pour les 'Postes'
L'ensemble des demandes et l'ensemble des productions seront envoyé au 'Bureau des répartitions'.
Celui-ci comparera la demande et l'offre.
Si les demandes particulières peuvent etre satisfaites, la réquisition des biens se fera par les 'percepteurs' . Les biens prélevés seront stockés dans des 'centre de stockage' de la localité qui est en demande.
La diffusion des biens réquisitionner seront faites par les distributeurs.
Dans le cas où la demande est trop importante par rapport à l'offre, le bureau des études se chargera de calculer la main d'oeuvre neccessaire pour la que la production soit suffisante.
Une restructuration des métiers se fera donc.
L'écrivain pourrait se retrouver menuisier etc.
La polyvalence est donc de rigueur.

Pour obtenir cette polyvalence, l'éducation sera réorganisé. Ainsi, un écrivain obtiendra une formation de menuiser, un autre de maçon ect...

Quant à la gestion des efforts (car les fénéants existent), elle se fera par des Agents de surveillance.
Si les productions d'un mois sur l'autre ou d'une année sur l'autres sont plus faibles... celui-ci sera réquisitionner pour en évaluer la ou les causes.
des sanctions seront prises... le confort du ou des responsables sera diminuer etc... un enrolement militaire de force ect...
Suivant les besoins des tâches ingrates.
Ou un quota peut lui être désormais demandé à l'instar de ses collègues.
Mais la bonne foi est un facteur du bon fonctionnement de ce système.
Je suis persuadé qu'il existe une majorité de gens honnête et que les rouages défectueux se feront une joie de suisvre la majorité de peur d'être exclue de la société d'avoir un confort moins important que celle-ci.

Quant à la part des biens, celle-ci sera évaluer par des agents.
Un ménage devra avoir une maison, un lit par personne, 5 litres d'eau potable par personne et par jour (je vois grand).
Il sera donc égalitaire à la base. Mais surtout en fonction des besoins. Une personne malade aura une aide à domicile qu'une personne en bonne santé n(aura etc.

J'espère avoir bien répondu et de ne pas m'être mélanger les pinceaux.
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar Romaric Briand » 23 Mar 2010, 23:01

En fait, je pense qu'il faudrait faire un playtest pour tester chacun de vos modèles de société ! :D

Votre discussion tourne à la création de cette société idéale dont je parlais effectivement (Bien quelle soit peut être totalement hors sujet, je n'ai aucune envie de vous arrêter sur une si bonne lancée, si mon jeu et mon forum peuvent servir à abriter de telles idées j'en suis très heureux). Je n'ai malheureusement pas le temps d'y participer activement. Sens et mon boulot me donne pas mal de travail en ce moment.

Je vais quand même répondre aux quelques questions qui m'ont été posées. Edouard je pense que tu saisis très bien mes envies et mes frustrations. Tu me connais bien et je n'en attendais pas moins de mon "fan des premières heures" ^^. Effectivement, à mon sens, Sens est une collection d'idées qui me sont propres et que j'ai peine à vendre sous le principe que "les pensées d'un ami ne se vendent pas". Cependant les réalités économiques de ma situation me poussent à rompre mon premier engagement. Et puis il y a le fait que certaine partie de mon travail de créateur de jeu de rôle sont véritablement un "labeur" (comme tu dis). La promotion par exemple, exceptées les rencontres que je fais en convention, me coute énormément d'énergie. Les mails, les posts sur les forums, les énièmes descriptions fournies avec les exemplaires presses me coutent beaucoup d'énergie. Répéter mille fois le pitch de son jeu de rôle n'est pas très enrichissant et demande une passion folle. Or, ce travail n'est pas une création de ressource culturelle. Peut être celui-ci mérite-t-il une rémunération ?

J'ai pourtant envie d'offrir mes pensées à tous ceux qui veulent les lire... les donner simplement... mais comme vous le dites le troc est peut être un don et si l'argent symbolise un troc de Sens contre de la nourriture ou je ne sais quel travail ça vaut peut être le coût (quel jeu de mot ^^).
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar Christoph » 24 Mar 2010, 00:53

Hello Romaric

J'ai envie de te grecolutter, comme je t'en ai averti par message privé.

Je vois deux solutions à ton dilemme: prendre la nationalité suisse ou faire un effort personnel. Flavie me semble peu encline à te laisser épouser unE SuisseSSE...

Bordel Romaric, arrête de faire ton pseudo-communiste christique! Faire payer Sens n'est pas un mal!
Marx était d'un matérialisme flagrant: le travailleur ici c'est toi, tu produis de la plus-value, alors tu la récoltes, point! Ce qui est mal de son point de vue, c'est d'engager un travailleur comme si c'était de la matière première (il coûte son salaire), ne pas reconnaître qu'il contribue à la plus-value, et de prendre la plus value entièrement pour soi. Tu es loin d'être dans ce cas. Ce n'est pas parce que des multinationales se font de l'argent de manière peu scrupuleuse que toi tu es peu scrupuleux si tu te fais un peu d'argent.
Quant à Jésus, certes il a fait dans la gratuité, mais il n'a jamais publié de son vivant. En plus il s'est fait crucifier pour ce qu'il a dit. J'ai beaucoup de respect pour ton père, mais franchement, tu n'es pas le fils de Dieu, donc oublies la résurrection (c'est ça l'astuce qui permet à Jésus de profiter de la vente de son livre). Tu peux en revanche garder tes cheveux.

Prends confiance en ce que tu fais, sois fier et acceptes d'être un auteur qui a travaillé et qui mérite rétribution si l'acheteur le veut bien! Seuls ceux qui veulent acheter te donnent de l'argent. Moi j'ai envie de donner de l'argent aux gens qui font des choses qui me plaisent, alors j'espère bien que tu accepteras mes €50 sans en faire des cauchemars!
Ce weekend j'étais à une convention super chouette, j'ai décidé d'acheter le billet « soutien » même si j'entrais gratuitement, parce que je veux que cette convention continue et que les organisateurs sachent que je suis sérieux quand je dis « cool votre conv'! » Ils étaient mal à l'aise, mais tout de même contents de la reconnaissance. Pour ma part, j'ai vendu mon dernier ashcan d'Innommable à un mec qui préférait me donner de l'argent que de recevoir le pdf gratuitement (un pauvre jeune en plus). J'ai été perturbé une fraction de seconde, mais je l'ai remercié pour la reconnaissance qu'il me témoignait. C'est tout ce que je devais dire, toute autre réaction aurait été misérable.
Allez, un moment nietzschéen pour finir: tu es un des rares rôlistes à se bouger le cul pour faire vivre ce média. Sois un fort. Ne t'excuses pas de prendre quelques petits sous à tous ces pantouflards qui ne demandent pas mieux que de te donner de l'argent pour se baigner dans la gloire que tu propages. (Pour que ce soit bien compris, je donne de l'argent à Romaric moi aussi...)

Tu me disais que l'argent n'est rien d'autre qu'une « reconnaissance de dette ». Je te propose que dans notre contexte, c'est une « reconnaissance d'appréciation ». Tu es dans le cas que Frédéric décrit et tu n'y échapperas pas.
Les Petites choses oubliées, avec Sylvie Guillaume, c'est arrivé !
.ınnommable: cuvées 2008-2010 en téléchargement gratuit.
Zombie Cinema, en français dans le texte.
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar Romaric Briand » 24 Mar 2010, 00:59

Tu peux en revanche garder tes cheveux.


C'est bon je suis sauver alors !

Merci Christoph ! Tes encouragements sous forme de remontage de bretelles me mettent la larme à l'oeil !
Tu as raison bordel !
Et que la Force soit avec nous maintenant !

Allez les fans filez vos ronds !

=D
Un personnage de fiction souhaitant s'incarner dans la réalité... Les rolistes sont mes proies...
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Re: la gratuité culturelle [marronier ?]

Messagepar Courant (Jean-Paul) » 24 Mar 2010, 01:11

Tout est maintenant dit !
Sens devrait etre payant à qui souhaite l'acheter,
devrait etre troquer à qui veut troquer,
devrait etre donner à qui le veut gratuitement !

Fais toi Sponzoriser Maitre Romaric !
Tu est payé pour travailler mais ton travail peut devenir gratuit !

héhé
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