par Frédéric » 21 Mai 2014, 15:14
Ok, mettons quelques choses au point :
- Le GNS n'a pas changé depuis l'article "GNS and other matters of RPG theory" qui date de 2001 (le seul changement de définition est entre l'article "System does matter qui date de 1998 et quelques changement de mots comme creative proposition qui est devenu creative agenda). Ce qui a évolué, c'est la compréhension de son application.
- En effet, les apports de The Forge sont nombreux. La rupture d'avec le scénario est à mon sens une cause importante (parmi d'autres). Ce que tu présentes Steve et je suis bien d'accord avec toi, c'est très important, est plutôt une conséquence.
Ma cartographie pour le podcast de la Cellule a un but de réunification. De placer toutes les pratiques de JdR sur table dans un même ensemble : JdR. Montrer que les JdR dits à "narration partagée" ne changent que très peu des coutumes traditionnelles ancrées en ce qui concerne leurs fondements. Montrer que le partage de narration n'est pas l'apanage des jeux innovants. Réintégrer les pratiques où l'on ne défend pas les intérêts des personnages dans l'univers du jeu de rôle. En finir avec des étiquettes discriminatoires.
uand je parle de JdR traditionnel, il faut bien qu'à un moment on s'accorde sur ce dont je parle. Définir précisément, me sert à toucher du doigt des concepts qui sinon n'existeraient même pas. Et certains concepts ont beau tracer des limites rigides, ils peuvent être bien plus profonds et utiles que des étiquettes floues et perméables. En ce sens, le GNS est bien plus utile pour un game designer qui a fait l'effort de chercher à le comprendre, que le threefold qui se veut flou et perméable.
Le genre en cinéma ? Aucune pertinence. Définir un groupe de fiction parce que ça se passe dans l'espace ou parce qu'il y a de la magie ? En quoi ça peut aider un cinéaste ou un auteur, à part à se positionner dans les rayons de la Fnac ?
Les revues comme autorité définitionnelle dans le JdR ? Pitié, il n'y a pas plus conservateur (je rejoins Morgane là-dessus) !
Pourquoi j'écris (et bave dans un micro) des concepts théoriques ? Pour transmettre des découvertes, des réflexions, certaines sont de mon fait, mais elles ont toujours une parentalité dans les échanges de Silentdrift et mes lectures de Ron Edwards, Vincent Baker et autres.
Mais je ne suis pas dupe : le "grand" public ne s'embarrasse pas de concepts, d'autant plus quand ils sont complexes. Le grand public préfère les étiquettes. C'est simple, chacun l'interprète à sa sauce et s'engueule par "absence" de définitions communes solides.
Je n'ai pas d'intérêt à faire des étiquettes, je préfère réfléchir sur des concepts, qui peuvent parfois être mouvants quand je réalise que je peux trouver encore plus précis ou pertinent. Quand je définis le JdR traditionnel, je cherche à donner un regard le plus inclusif possible et qui permet de mieux comprendre ce qui n'en fait pas partie.
Dès lors qu'un concept touche à quelque chose qui n'est pas réductible à une étiquette, que fait le grand public ? Il en fait des étiquettes. C'est le cas pour le GNS (parce qu'il n'y a pas que le narrativisme qui est allègrement galvaudé, le ludisme et le simulationnisme le sont tout autant, mais comme ça a l'air moins "nouveau" (car des concepts de 2001, c'est encore nouveau parfois), ça choque moins), mais c'est aussi le cas en psychologie, en psychologie sociale (où les phénomènes de groupes ne sont jamais compris par le grand public et toujours attribués aux individus), en sociologie, en philosophie et dans tous les domaines intellectuels.
Est-ce la faute de ces scientifiques si leurs détracteurs transforment leurs concepts en étiquettes pour les retourner contre eux ? (Cf, la fameuse "théorie" du genre...).
Le GNS est devenu n'importe quoi dans la bouche d'un grand nombre de rôlistes, pour moi ça veut juste dire que ces concepts ont été beaucoup lus et transformés en étiquettes. C'est le chemin normal pour un concept médiatisé. Et je pense que malgré tous ses efforts, Ron Edwards n'y est pas pour beaucoup. Ça me fait penser à une discussion sur un groupe Facebook où les interlocuteurs racontaient n'importe quoi sur le narrativisme. On a beau être quelques uns a avoir essayé de clarifier la définition, au bout de 200 messages, les initiateurs du sujet sont restés sur leurs galvaudages. Au bout d'un moment, les efforts doivent venir des deux côtés.
Parce que les concepts, ça ne s'assimile pas facilement en général. Ça demande du travail, une forme d'intellophilie que tout le monde n'a pas. Et en plus, ça n'a pas toujours d'applications évidentes (du coup, on me dit que j'enfonce des portes ouvertes ou que je me la joue captain obvious), mais je pense que dès lors que ça peut nous aider à organiser le porridge qu'on a dans le cerveau, je ne fais pas ça pour rien.
J'écris mes articles pour ceux que ça intéresse, s'ils sont 10, 5 ou 2, j'ai atteint mon objectif. Et je suis prêt à discuter des heures pour clarifier mon propos. Forcément, ça devient parfois des étiquettes (cf. synesthésie, ahem !). ;)
Donc je ne pense pas que définir des concepts précis soit un problème. Il faut s'attendre à ce que ça devienne n'importe quoi ensuite sur les forums, mais sans ça, on continuerait à jouer tous à D&D.