Cet excellent podcast me donne envie de parler politique. Plusieurs sujets :
1)
L'interprétation libérale de MonostatosL'interprétation libérale de
Monostatos n'est pas exactement une
interprétation de seconde main : il s'agissait d'abord d'un commentaire d'un forumiste de Casus NO après que Vivien y eût critiqué ton jeu (donc pas une interprétation très poussée).
Quelques mois après cela je lisais
Monostatos et j'y jouais et, quelques autres mois plus tard, je lisais
Atlas Shrugged d'Ayn Rand, roman célébrissime aux États-Unis qui héroïse le combat de l’entrepreneur individuel contre une société (et un gouvernement) médiocre et liberticide. Grand roman de droite libertarienne et individualiste.
Et là la comparaison de ce forumiste m'est revenu en tête et m'a semblé d'une cohérence absolue. D'ailleurs rien n'empêche de créer un personnage (voire un cadre de jeu) inspiré d'Ayn Rand dans
Monostatos. En fait l'adaptation des mécaniques de
Monostatos à l'univers de néo-révolution industrielle de
Atlas Shrugged serait immédiate et ne nécessiterait mécaniquement que de supprimer l'aspect surnaturel.
Cette évidence du hack peut à mon sens s’interpréter de deux façons :
1) Les mécaniques de
Monostatos ne sont pas si resserrées que cela, elles transmettent la problématique de révolte mais pas celle de critique artiste.
2) On sous estime les rapprochement entre la critique artiste et la critique libertarienne. A ce sujet je conseille vivement de s'intéresser aux écrits de Michel Foucault sur le libéralisme. Dans sa dernière leçon au Collège de France, consacré au libéralisme, il découvre une pensée qui n'est pas si éloignée que cela de la sienne (on pourrait d'ailleurs lire
Atlas Shrugged comme une œuvre étonnement féministe pour son époque).
On peut écouter
le très bon podcast que La Suite dans les Idées a consacré à cette dernière leçon (en invitant Geoffroy de Lagasnerie qui a écrit un bouquin passionnant à ce sujet).2)
Les critiques de la note d'intentionRomaric a raison de ne pas centrer le sujet sur les critiques de la note d'intention
en elle-même mais bien sur les intentions qui ressortent du système (qui vient cadrer le jeu, et donc exclure certaines possibilités, ce qui est inévitable).
Par contre il existe une critique politique à faire (et qui est la vraie critique qui fut faite sur la note d'intention) sur
Monostatos qui force mécaniquement à agir en acceptant, au sein de son univers de jeu, les prémisses d'une théorie particulière. Le paradoxe du jeu c'est qu'il propose une approche non critique d'une pensée critique.
Fictionnellement on me raconte ma lutte contre une autorité qui uniformise les individus et les force à rentrer dans le rang. Mais mécaniquement le jeu raconte l'histoire inverse d'un système (et donc d'un auteur de jeu) qui uniformise les joueurs (MJ compris) et les force à rentrer dans le rang. Tout le monde tient sa place et même les joueurs qui incarnent des révoltés ne font que jouer le rôle qui leur a été attribué.
PS : D'accord avec Valentin sur le gameplay émergent/le vide fertile.
PPS : Je préfère ton
La Saveur du Ciel, faux jeu mineur et vrai jeu personnel aux thématiques plus modestes mais présentées de façon plus concrètes.