par Morgane » 10 Avr 2014, 20:11
Entre nous, et maintenant que le podcast est terminé, opposer GN et JDR me semble franchement limitant.
C'est comme dire : Mais... pourquoi tu vas faire de la voile ? Y'a le parapente !
J'ai un vertige monstrueux. Le parapente ne me tente pas du tout. On pourrait arguer que les deux sont un sport et que les deux concernent le vent. Mais l'un et l'autre touchent des sensibilités différentes. Le parapente apporte l'ascension, la solitude magnifique de l'espace pur, le monde d'en haut. La voile c'est la mer, la lumière de l'eau, l'odeur de l'iode etc...
C'est d'ailleurs sans doute pour cette raison que tant de GNiste sont aussi des rôlistes (la découverte se fait dans un sens ou dans l'autre d'ailleurs)
Je vais reprendre tes points Mangelune, parce que je les trouve super justes et tâcher d'expliquer comment on peut dépasser ces frustrations :
- Le GN augmente la sensation de jugement des performances d'actoring -d'où les rôles de papier peint dont on parle-, là dessus c'est certain. On s'en moque ou on n'aime pas.
- le GN ne permet pas de vue d'ensemble de la fiction mais les Gnistes échangent leurs différents points de vue durant plusieurs heures après le jeu pour partager leurs émotions et leurs actions et avoir une vision globale. Un debiref des orgas permet aussi de comprendre le scénario une fois qu'il s'est déroulé.
Cette compréhension se fait donc a postériori. Il faut accepter de ne pas avoir de vision globale immédiate. Ceux qui n'aiment pas du tout se sentir perdus, baladés, ou gardés dans le flou risquent bien d'être frustrés. C'est pourtant très agréable d'aller à la pèche aux infos après un GN, c'est un petit rituel social qui devient presque une séance de conte.
- Ne pas avoir de vision d'ensemble est par ailleurs essentiel dans le mode "Chronique" qui joue justement sur cette part d'aveugle entre groupes d'influence. L'espionnage ou la manipulation prennent ici tout leur intérêt.
-En effet, cela demande de l'autonomie, un esprit d'initative etc. Les nouveaux joueurs sont souvent confiés à des joueurs plus anciens qui ont pour tâche de ne jamais les lâcher dans le vide et de leur ouvrir les portes des intrigues. Il y a des MJ adjoints, quelque part... Ce n'est hélas pas systématique, cela dépend des orgas et de leur rapport au jeu.
-C'est un défi pour les orgas de rester attentif au tempo du jeu, tout comme le MJ doit mettre fin aux scènes qui n'aboutissent plus. La plupart des bons GNs sont ceux qui évitent ce blanc entre 2h et 6h du mat ou entre 16h et 18h30. En GN, on tourne en rond totalement, corps et âme. C'est d'autant plus insuportable. Un orga devrait toujours prévoir quelque chose lorsque le rythme tourne court.
Je n'ai pas pu aborder un point qui est très accessoire mais qui me plait :
La dimension créative du GN. Darky me disait, en bon avocat du diable : "Vous passez par les truchements de la réalité parce que vous ne parvenez pas à vous les imaginer."
Faux, trois fois faux. L'enjeu est strictement inverse. Le défi de parvenir à rendre tangible ce que l'on imagine est magnifique et grisant. Comment transformer l'espace ? Comment le ré-échanter avec toutes ces images qui peuplent le cerveau ? On n'a pas les moyens de Peter Jackson mais le défi est épatant. Comment parvenir à faire naître dans le coeur des joueurs ce qui nous emballe à l'intérieur ? Comment faire fleurir tout ça, plus seulement par le verbe mais aussi par l'espace ?
C'est risqué. On peut se planter, passer à côté, échouer même lamentablement et au final n'avoir qu'un truc chipos qui fait "flop".
Ca donne des heures de couture, de bidouillage, de peinture, de maquillage, de débrouille, de trouvailles techniques, d'emmerdes et de désillusions... Les joueurs, pour les besoins du jeu, de façon complètement gratuite donc, vont se mettre à la couture, à la menuiserie, au travail du cuir, à la sculpture, à la musique... que sais-je.
Et ça mes enfants, c'est for-mi-da-ble !
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Morgane le 10 Avr 2014, 20:17, modifié 1 fois.
Site-supplément pour "Sur la route de Chrysopée"Le site de Rose des Vents pour y retrouver mes projetsTiens,
voilà du matos,
voilà du matos,
voilà du matos (pour Sens)
"Aucun fait n’existe, à vrai dire, comme vérité indiscutable et contenue, bornée ; ne serait-ce qu’à travers le filtre des sens, de la conscience, le réel se dérobe toujours, ultimement, à son constat. "