J’ai bien en tête l’iconographie propre à chaque temps mais il m’est parfois difficile de faire « coller » cette iconographie avec la prédation qu’elle implique. Le temps qui me pose le plus de problème étant le Sang. Quand je « pense » Sang, j’imagine une créature violente, sanglante, menaçante etc. C’est-à-dire la nature dans son aspect bestial et violent. Or, à la création d’un jeu, on s’aperçoit que ce n’est pas du tout cela … Les créatures de sang sont de gentils herbivores …
L’archétype des créatures de sang sont « les filles de la vallée » du deck de la vallée rouge. Les créatures « rouges », contrairement à magic, sont de paisibles fermiers, de solides bucherons, de braves bovins.
Je n’avais pas perçu cela tout de suite.
Finalement, si je devais créer la carte « artificialisation des sols », il me faudrait la créer en Sang. Car elle prédate clairement la Sève. Intuitivement, je l’aurais mis en Encre puisque c’est le fruit de la réflexion et de la construction humaine mais dans le mesure où elle s’oppose à la nature végétale, c’est de fait une carte de Sang.
On peut donc de poser la question de 2 points de vue quand on crée une carte. Soit du point de vue de ce qu’elle est. Soit du point de vue de ce sur quoi elle a un effet. Si je reprends la carte « artificialisation des sols », de par son essence c’est une carte d’Encre mais de par son effet c’est une carte de Sang.
C’est assez perturbant pour moi mais, en fait, les prédateurs sont plutôt des créatures de larmes ! Et ce qui s’oppose à ces grands prédateurs, ce ne sont pas d’autres grands fauves mais des créatures ou des artefacts d’encre.
Si on ce place du point de vue de la prédation, on aboutit donc à la hiérarchie suivante :
Les « armes » sont des artefacts d’encres puisqu’elles servent à tuer des « prédateurs » qui sont des créatures de larmes qui servent à tuer « des fermiers » qui eux-mêmes sont des prédateurs d’une nature végétale et c’est la nature qui viendra détériorer les premières armes. (C’est sans doute un lapalissade pour vous … mais cela a été une prise de conscience pour moi.)
Ce qui m’a induit en erreur est le fait que les prédateurs des créatures de Sang ne sont pas des créatures de Sang. Cela a provoqué chez moi une dissonance cognitive car à la lecture de la description du Sang j’imaginais plutôt, de par leur nature, que Sang = grands prédateurs. Ce n’est pas le cas.
On a là une forme de dissonance indépassable car, d’un point de vue narratif, se baser sur l’essence des temps est sans doute ce qu’il y a de mieux mais du point de vue ludique il faut se baser sur « qui mange quoi ».
Par exemple, il n’est pas intuitif de passer la carte « autodafé » en Sève. Cela n’a rien de végétal. Mais l’autodafé vient pourtant détruire l’Encre.
Donc, à chaque fois que je crée une carte, je dois me poser la question suivante : « Est-ce que cette carte à un enjeu narratif ou ludique ? » Selon la réponse je lui attribuerais soit le temps de son essence, soit celui de sa prédation. Pour l’autodafé, si je privilégie son essence je la place en Encre mais si je veux privilégier la tactique, je la place en Sève.
Cette vision permet aussi d’éclairer la partie en ligne entre Romaric et Yoann quand ce dernier joue le deck pirate. Il y joue alors un bateau pirate en double Sève et ils sont tous les deux un peu confondu par ce choix. Mais, si l’on voit les pirates comme une prédation de la culture au sens où ce sont des parasites de la société alors cela fait sens. Le bateau pirate est en Sève non par sa nature mais par sa prédation. On n’est pas non plus sur un mixe Sèvre / Encre car, bien que de confection humaine, sont effet majeur est une prédation forte de la société d’où le choix de 2 Sèves.