par Globo » 18 Juin 2014, 12:09
« Tout travail mérite un salaire. »
Il y a là deux implicite :
- Tout travail, et pas seulement tout travail pénible.
- Mérite un salaire, sous-entends une rémunération pécuniaire.
Or un travail peut :
- Aller de pas du tout à très pénible.
- Aller de pas du tout à très gratifiant.
Récompenser systématiquement le travail c’est :
1) Du behaviorisme, car comme un animal tu es récompensé si tu agis bien …
2) Cela forme les gens à attendre une gratification qui vient des autres. Tu leurs mets dans la tête qu’il ne peuvent pas être leur propre source de gratification.
3) Et donc cela induit non seulement un jugement par autrui mais aussi une dépendance à ce jugement.
4) Cela détruit toute dimension sociabilisant du travail : don, contre don, appartenance à un groupe, reconnaissance, utilité pour le groupe etc. Car la seule valeur travail devient l’argent.
5) Cela affranchis tout travail de notions morales (l’argent n’a pas d’odeur).
6) La notion de tout travail mérite un salaire est artificielle. Par exemple, si je plante des pommes de terre. Quelles sont frappé par une maladie et qu’elle meurent toutes. Alors j’ai « travaillé pour rien ». Il n’y aura pas de salaire à mon travail …
En fait, « Tout travail mérite un salaire. » est LA boite de Pandore du capitalisme et du libéralisme.
Par exemple : Je demande à ma fille de vider le lave-vaisselle. C’est clairement un travail au sens où c’est pénible et que, bien que ce soit nécessaire, personne ne veut le faire. Admettons que je sois prêt à donner 2 euros pour effectuer ce travail. Cela ne garantis pas qu’il soit effectué car dans une logique libérale et capitaliste ma fille est seule à pourvoir juger si oui ou non elle acceptera le job. Peut-être même qu’au nom de la logique de « l’offre et de la demande », je serais obligé de proposer bien plus que 2 euro etc. En bref, cela dédouane ma fille de toute obligation morale et/ou sociologique envers le groupe qui la fait vivre, sa famille. Pire cela la prive de tout appartenance affective à la famille. Peut-être que vider le lave-vaisselle est pénible et peu gratifiant mais faire plaisir et rendre service aux gens que l’on aime est quant à lui gratifiant, voir indispensable à toutes relations humaines …
Plus pervers encore, « Tout travail mérite un salaire. » induit l’idée que tout échange est in fine marchand. Tout à son prix. Les hommes, la vie, les bien, les services etc.
Art et rémunération.
Je m’excuse (et me réjouis) de la polémique que mes propos pourrait engendrer. Je pense qu’en filigramme du dernier podcast sur le travail, se pose le problème de la rémunération des artiste.
Je pense qu’à partir du moment où un artiste cherche un rémunération pour son travail d’artiste, il cesse alors d’être un artiste pour devenir un artisan …
Je pense que l’art (à laquelle j’associe la production d’idées) n’est pas la propriété de son auteur mais un bien universel de l’humanité. Il n’existe pas de création ex nihilo. Toute création est le fruit d’inspiration plus ou moins consciente et donc l’art doit pouvoir nourrir l’art. Or toute notion de propriété intellectuelle ou artistique vient à l’encontre de ce principe. Puisqu’alors il faut demander l’autorisation à quelqu’un pour pouvoir reprendre le travail de …
La création artistique est selon moi un nécessité et non un besoins. L’artiste n’a pas le choix. Il doit créer et quel que soit les contraintes qui s’imposent à lui, il créera. C’est le grand mensonge des maisons d’édition et des droit d’auteurs : si on arrête de rémunérer les artiste, il n’y aura plus de création artistiques … c’est faux. Il y a toujours eu et il y aura toujours une création artistique indépendamment de la rémunération des artistes. Pourquoi ? Parce que l’artiste ne peut pas s’empêcher de créer.
À partir du moment où l’artiste cherche à faire de l’argent, alors il n’a plus intérêt à étudier trop l’art mais à s’intéresser plutôt au marketing, à l’économie et aux études de marché … Toutes les maisons d’éditions de disques ont à terme remplacé les directeurs artistiques par des commerciaux … Enfin, à partir du moment où l’on veut faire de l’argent avec son art on est contraint à la loi de l’offre et de la demande et toute innovation devient un risque … On finit d’arrêter de faire des statuettes en terre cuite pour faire des brocs à eau … On passe du statut d’artiste à celui d’artisan.
Enfin, non content de ne pas profiter à l’art et à la création, la notion de droit d’auteur génère un « effet loto ». C’est-à-dire qu’il fait rêver à une possible manne financière pour les artistes. Or, à quelques rares exceptions près, vivre de son art est au mieux difficile … Seulement, quelques réussites exceptionnelles, spectaculaires et médiatisé tendent à faire croire le contraire. C’est comme pour le loto. Il n’y a aucune chance de gagner mais comme on médiatise les aberrations statistiques que sont les gagnant alors le plus grand nombre y crois … Il est plus rentable, comme le conseil Bertrand Russel, de consacrer 4h par jours à un travail alimentaire puis de consacrer 4h par jours à un travail artistique dissocié de toute notion de gain ou de subsistance … Ce qui offrirait un double avantage 1) assurer la subsistance de l’artiste 2) assurer l’indépendance de l’art par rapport à l’argent.
"Do Not Question Authority" (because they don't know either).