par Morgane » 09 Oct 2014, 23:39
Excellent podcast. Le personnage de Sétantra et toutes les problématiques qui le composent, sont véritablement passionnantes.
Emmanuelle, si tu passes par ici, je peux essayer de t'expliquer comment négation, propositions, morale et imagination me semblent être liées. J'invoque donc Lumière pour être aussi claire que possible.
Prenons une situation de base :
Dans le monde dans lequel nous vivons, chaque être vivant a une aura autour de lui qui indique son humeur selon sa couleur.
On peut donc écrire les faits du monde ainsi :
1 Tous les êtres vivants ont une aura
1.1 la couleur de l'aura indique l'humeur de la personne
1.2 la couleur jaune indique une humeur joyeuse
1.3 L'aura est visible
Ces faits sont des propositions vraies. Elles composent le monde. Du coup, tu connais toujours l'humeur des gens que tu vois.
Maintenant la négation :
Je décide de nier la proposition 1.3 l'aura est visible me concernant. Je décide qu'elle n'existe tout simplement pas dans ma larme. Du coup, plus personne ne voit mon aura. Tu ne sais donc jamais de quelle humeur je suis.
Tu me demandes donc : "Comment vas-tu aujourd'hui ?" car il t'es impossible de le déduire logiquement par le regard.
A ce moment là, tu es face à une inconnue. Le fait que j'ai nié une proposition du monde a laissé un vide au sens propre que nous pouvons chacune décider de remplir comme bon nous semble. Tu te mets à imaginer, avec les éléments dont tu disposes, l'information qui pourrait remplir ce vide. "Elle doit-être heureuse", te dis-tu, parce que tu me vois sourire mais rien ne peut te confirmer que c'est la vérité.
De mon côté, j'ai deux solutions. J'ai le choix de remplir ce vide comme bon me semble. Dans ma tête, j'imagine deux situations possibles :
- te dire simplement la vérité : je suis un peu triste parce que j'ai une une mauvaise nouvelle.
- ou te mentir : aujourd'hui je me sens heureuse.
Concernant cette deuxième option, on pourra dire de façon très neutre que je te raconte une fiction. Dans cette fiction, je suis effectivement heureuse (c'est une proposition fausse que je fais passer pour vraie. Le fait que nous puissions l'imaginer lui permet d'exister. Si jamais mon aura avait été visible, ni toi ni moi n'aurions à imaginer une fiction pour remplir un vide en l’occurrence inexistant.)
Là où tout ceci rejoint la morale est affaire de jugement et de motivation.
De façon neutre je te raconte une fiction.
Maintenant, tu peux très bien décider, comme les Sétantras que cacher ou modifier des informations qui sont logiquement toujours visibles et vraies est un mensonge. Ce faisant, tu émets un jugement de valeur négatif sur l'acte. Le mensonge c'est mal parce qu'il va contre la moral/l'ordre établi/le monde tel que déterminé par des faits comme " tout le monde dit toujours la vérité sur son humeur" ou "personne ne cache jamais son aura".
Mais mes motivations rentrent aussi en ligne de compte lorsque tu demandes pourquoi je choisi une version plutôt qu'une autre. Pourquoi ai-je imaginé cette fiction fausse dans laquelle je suis heureuse ? Pourquoi vouloir te la faire passer pour la vérité ?
Je t'ai menti pour ne pas t'inquiéter et ne pas gâcher ta journée. Est-ce bien ? (suis-je alors une amie altruiste ?) Est-ce mal ? (je suis une cachotière/je ne te fais pas assez confiance pour te dire sincèrement ce que je ressens ?)
Pire -ou mieux- : cela te permet de te mentir à toi même. D'imaginer un autre monde. Peut-être qu'en te disant que je suis heureuse, cherche-je à faire advenir cet état. Peut-être que j'imagine que je suis vraiment heureuse. Est-ce bien ou mal ?
Tu peux imaginer que Bope a introduit le droit à la vie privée et au jardin secret si tu le vois positivement. Ou bien qu'il est l'auteur d'un crime affreux : le mensonge acide. Dans tous les cas, tu en viendras à analyser cette situation selon ton échelle de valeur.
Voilà, voilà.
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voilà du matos,
voilà du matos,
voilà du matos (pour Sens)
"Aucun fait n’existe, à vrai dire, comme vérité indiscutable et contenue, bornée ; ne serait-ce qu’à travers le filtre des sens, de la conscience, le réel se dérobe toujours, ultimement, à son constat. "